Ce que l’on avait surtout apprécié avec Call of Duty 4, c’était que Infinity Ward ose enfin sortir du thème suranné et surexploité de la Seconde Guerre Mondiale. Revenir sur les champs de bataille des années 40 dans ce cinquième épisode constitue forcément une petite déception en soi. Certes, dans World at War on joue sur le front Pacifique du côté américain et sur le front russe du côté soviétique – deux lieux jusque-là sous-exploités dans les jeux portant sur la Seconde Guerre Mondiale. De Stalingrad à Berlin, en faisant un détour par les luxuriantes îles du Pacifique, on ne sera finalement dépaysé que par des marécages tropicaux et quelques trop rares constructions de type extrême-oriental. Au-delà des environnements qu’on a déjà l’impression d’avoir aperçu dans un Call of Duty 2, les scènes jouées restent pour le moins classiques : débarquement avec des barges (mais dans des îles ensoleillées), attaque de bunker japonais, combat dans les rues de Stalingrad, nettoyage de tranchées au lance-flamme… Ce qui déçoit finalement le plus dans cet épisode, c’est qu’il n’y a pas de scènes véritablement mémorables comme on pouvait en rencontrer dans la campagne de CoD 4. Si l’on excepte peut-être la séquence au fusil de sniper – mise en scène de fort belle manière – on boucle le jeu avec plaisir, certes, mais sans ressentir de réelle excitation. Et, comme d’habitude avec ce genre de production à grand spectacle, la durée de vie n’excède pas les 7 heures grand maximum en mode normal.
Plus consensuel que son aîné sur le scénario, World at War l’est en revanche beaucoup moins sur la forme. Violent. Voilà ce qui caractérise ce World at War. La Seconde Guerre Mondiale telle qu’elle est montrée dans ce cinquième épisode est bien plus sanglante que la guerre propre de CoD 4. Un système de démembrement fait son apparition, rendant les morts causées par les armes de l’époque bien plus spectaculaires. Les bras s’envolent, les gerbes de sang éclaboussent, les corps se tordent de façon (trop ?) réaliste sous les flammes et les têtes éclatent à l’impact du gros calibre. Jouissif par moment, le jeu en fait parfois trop, au point qu’on se sente un peu mal à l’aise par moment. Vous êtes prévenus, ce World at War ne fait pas dans la dentelle. Ce massacre est orchestré par un arsenal désormais relativement banal si l’on excepte le lance-flamme. Réparties grosso modo en quatre types, on trouve parmi les pétoires d’époques les classiques fusils à verrou (Kar98K…), les fusils (M1 Garand…), les incontournables mitraillettes (Thompson, MP40…) et les mitrailleuses (MG42, BAR…). Peu originales, leurs comportements diffèrent toutefois grandement d’une arme à l’autre. Un mot tout de même sur le lance-flamme, finalement l’une des rares nouveautés du jeu. Disposant d’une quantité infinie de « munitions », il sert surtout à embraser les Japonais adverses par brochette de 5 ou 6 bonshommes. Son point faible est, bien sûr, sa bonbonne dans le dos du héros, qui éclate à la moindre balle. Jouissif, mais bien trop puissant.
Pour ce qui est du jeu en lui-même, pas de surprise, c’est du Call of Duty dans la plus pure tradition. Script à gogo (les éternels coéquipiers qui vous attendent pour déclencher la scène), action non-stop et déferlement d’explosions et de sons guerriers. Sur ce plan il y a peu à redire, il semble que Treyarch ait bien saisi l’essence des Call of Duty. On ne s’ennuie pour ainsi dire jamais : les combats sont dynamiques, rythmés et l’intérêt est régulièrement relancé avec l’alternance des fronts russe et Pacifique. Les niveaux sont relativement variés et les syndicales scènes en véhicule sont bien présentes. Seulement, voilà. Si World at War est indéniablement efficace, il manque parfois de génie. Trop souvent on se retrouve plongé dans des scènes d’actions effrénées, mais qui manquent cruellement d’originalité. Les dernières missions sur le front russe sont particulièrement représentatives. Il y a énormément de monde à l’écran, vos coéquipiers sont fauchés par les rafales adverses, des meurtres sont commis sous vos yeux, mais… Mais on a l’impression d’avoir déjà vu tout ça dans Call of Duty 2. Après avoir fini World at War, on se dit simplement que c’est un très bon add-on de Call of duty 2 réalisé avec le moteur graphique de Call of Duty 4.
Un moteur graphique extrêmement performant par ailleurs et parfaitement exploité par Treyarch. Techniquement, le jeu est stable comme jamais, malgré les nombreuses explosions, la foule de soldats à l’écran et les effets spéciaux alentour. Sympathique sur le plan graphique, le constat est plus mitigé quant au design général. Toujours cette impression tenace d’avoir déjà vu ces rues, ces armes, ces soldats… Tout comme dans Call of Duty 4, la gestion des matériaux est également présente : le plaisir d’abattre quatre ou cinq nazis planqués derrière un mur en bois est présent. On ne peut pas en dire autant de l’IA, foutrement idiote. Elle sait à peine se planquer, fonce sur le joueur sans subtilité et ne sait pas réagir en groupe. Par contre, elle sait viser. Un peu trop même pour que ce soit honnête. Et pour masquer cette misère, les développeurs de Treyarch ont misé sur le respawn infini des ennemis. Respawn qu’on arrêtera en déclenchant un script… Une pratique discutable.
Un mot enfin du mulitjoueurs. Le mode coopératif est présent (4 joueurs maximum), mais est anecdotique. Seul le mode Nazi Zombi amusera quelque temps les joueurs désœuvrés, le temps de passer au vrai mode multijoueurs. Véritable transposition Seconde Guerre mondiale du mode mulitjoueurs de Call of Duty 4, il est – à l’instar du reste du jeu – efficace faute d’être original. Mais vraiment captivant. L’idée de monter en niveau au fil des frags et des défis fonctionne toujours aussi bien et pousse le joueur à continuer sans cesse. Alors bien sûr, c’est du simple réchauffé, mais des efforts ont été tout de même fournis sur les armes et les perks. Les cartes, au nombre de 11, sont un peu brouillonnes pour certaines, mais cachent beaucoup de subtilités. On aime ou on aime pas, mais pour peu qu’on accroche un tantinet, ce mode multijoueurs reste un must.
Bon jeu à tous !